top of page

Bézian Frédéric

Bézian photo Festival BD Dourgne 2023
Bézian Planche Belphégor Festival BD Dourgne 2023
Bézian Planche docteur radar  Festival BD Dourgne 2023
Bézian Planche Festival BD Dourgne 2023

Sombre est l’œuvre de Frédéric Bézian. Incandescentes sont ses images en noir et blanc où le trait semble lacéré. Extrême désespoir ainsi exprimé à travers les regards quasiment obstrués de ses personnages. Rares sont les oeuvres qui traduisent avec autant de puissance ces blessures des romantiques de Baudelaire à Mallarmé ; celles qu’ils désirent cacher même s’ils gardent le secret espoir que l’autre les pansera. Aujourd’hui, avec Chien rouge, chien noir son nouveau récit, ses personnages se font plus humains (dans la continuité d’Archipels). Les regards s’ouvrent sur la modernité de la ville actuelle, oubliant pour un temps les décors favoris du fantastique baroque du XIXe siècle. De ces personnages toujours mis en scène avec la justesse et la richesse de la nuance, de ces récits où s’exprime l’intime du désespoir se dégage une profonde humanité. Frédéric Bézian est un romantique.


Je ne suis pas le créateur du personnage de Belphégor. Par principe, la conception d’une série de dessins animés destinée (sur le papier !) à un public d’une dizaine d’années est soumise à certaines interdictions. Elle ne peut comporter de scènes meurtrières, de tortures, de manipulations d’armes. L’ambiguïté de cette adaptation réside dans le fait d’avoir affaire à un méchant qui n’a pas le droit de l’être (dans ce genre de production, un rôle-titre ne peut pas être un méchant). Cependant, il n’est pas celui que nous a offert Barma dont les images me firent tant rêver lorsque j’étais gamin. Je fais partie de la génération « traumatisée » par Belphégor. C’est curieux, mais cette génération a rendu intime une œuvre ancienne et populaire, et s’est Appropriée le personnage. Je n’ai pas envie de le déformer. Le cinéaste en a fait un être manipulé, presque animal, muet, à la gestuelle d’échassier, ayant besoin d’un enfant pour le guider… d’où sa poésie et son pathétique. J’ai pris conscience que quelqu’un créa et écrivit Belphégor bien avant Barma. Nous travaillons aujourd’hui à partir du personnage créé par l’écrivain Arthur Bernède. À l’origine, Belphégor est un manipulateur. Dans le dessin animé, nous essayons parfois de rendre au sujet cette poésie… en gardant la présence d’un Deus ex machina. Nous le transformons en un déséquilibré mégalomane, raffiné, cultivé, tout bonnement mystérieux. À la différence de l’œuvre de Barma, nous ne donnerons jamais à savoir qui est Belphégor… Il est très difficile de cerner psychologiquement, pour le scénariste, et graphiquement en ce qui me concerne, ce personnage que nous désirons laisser « incernable » pour le spectateur.

bottom of page